26 March 2010

Une pensée pour les CdF du 22 Mars 2010

Chers Messieurs, Chères Madames,

Bravo pour votre vision analytique du football, bien rafraîchissante dans le paysage peopolisé du football français. Dommage qu'un certain journaliste excitable ait eu tant de mal à comprendre Sacdefiel, et que la justice n'ait pas dérogé à sa réputation d'aveugle.

En lisant l'article "Au Dernier Stade" de Jérôme Latta, j'ai eu fort à réfléchir à propos de l'idée que le hooliganisme en Angleterre n'était pas mort, mais tout simplement "éloigné" ou "relégué" dans les divisions inférieures.

Bien que ma vie de plus en plus français m'en empêche bien des week-ends, j'essaye d'assiter aussi souvent que possibles à un club proche de mon lieu de naissance, Woking FC. Certes, c'est largement en-dessous du niveau des Millwall ou des Leeds de ce mode, mais nous arrivons parfois à attendre les 3000-4000 spectateurs pour des matches relativement locaux ou intéressants (surtout la FA Cup). La moyenne de cette saison doit tourner autour des 1000 spectateurs par match, contre 1500 la saison dernière, lorsque nous étions encore en Conference National.

Etant donné que la Conference National est le 5ème niveau du football en Angleterre, il convient de mettre ces chiffres en relation. Woking n'est pas un club particulièrement bien "supporté", ou les "grands" peuvent chercher plus de 5000 spectateurs par match. Le 3ème niveau du football en France fait des entrées à peu de choses similaires, quoique légèrement supérieures.

En ce sens, les 3,000 exclus de stade contre 600 doivent déjà être vus dans le contexte d'un "supportariat" plus actif, et donc présentant plus de chances qu'à pourcentage égal de cons dans les deux populations, il y ait nettement plus d'exclus de stade en Angleterre.

Cependant, ce n'est pas le seul point. Si d'habitude les matches à 1000-1500 personnes de Woking sont relativement tranquiles, et donc plutôt que de procéder à des arrestations pour des infractions mineurs (état d'ébriété aux alentours du stade, insultes...) les bobbies se contentent de rappeler les gens à l'ordre (d'ailleurs, ils connaissent bien souvent les gens dont il est question, puisqu'ils habitent le même quartier et viennent aux matches depuis des années), ce n'est pas toujours le cas. Lorsqu'il y a un match à plus forte affluence, il arrive que les services de sécurité montent la barre d'un cran et arrêtent des éléments perturbateurs pour les mêmes choses qu'ils ont laissé passer la semaine d'avant.

Les causes d'arrestation sous la Football disorder act 2000 sont principalement l'état d'ébriété (Alcohol-related offence) et trouble à l'ordre public (Public disorder). A eux tout seuls, ils représentent 2,741 des 3,752 arrestations de la saison dernière. L'Act donne beaucoup plus de raisons pour l'expulsion puis l'interdiction de stade que le système français, comme en témoigne le fait que plus d'un quart des arrestations résulte en une interdiction de stade.

Les donnés du Home Office pour la saison dernière sont ici : http://www.homeoffice.gov.uk/documents/football-arrests-08092835.pdf?view=Binary

Comme vous porrez voir, non seulement ce sont les premiers échelons qui dominent aussi bien les arrestations que les interdictions de stade, mais que les chiffres des arrestations sont grossièrement proportionnelles aux affluences.

Bien qu'il soit intéressant de constater la différence du nombre d'interdits de stade dans les deux pays, et rappeller que malgré le long chemin effectué depuis le Heysel et Hillsbrough l'Angleterre n'est nullement sorti du fléau du hooliganisme ni du racisme, il traduit également des réalités différentes, la police britannique étant plus encline à effectuer des arrestations et disposant d'une marge de manoeuvre nettement plus large pour demander (et obtenir) des interdictions de stade, puis les faire respecter.

Toutefois, l'on peut s'opposer au choix des britanniques pour contrôler le hooliganisme depuis les années 80 pour des raisons autre que simplement comptables. Après tout, ce qui a marché il ya 15-20 ans en Angleterre, dans une culture footballistique marquée du double coup du Heysel et de Hillsbrough, décuplés par l'interdiction des compétitions européennes, et mises en oeuvre par des personalités politiques et civiles très "hard" n'a aucune assurance de marcher en France.

Cordialement, en vous souhaitant une excellente continuation journalistique,

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P.S. Vraiment, je me demande pourquoi je suis venu vivre en France des fois. Depuis que je suis arrivé, Lyon a quasiment gagné le championnat chaque saison, alors que je préfère de loin Rennes. Quelquechose peut-être à voir avec mon nom? Que nénni.

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